Pense à nous
Ma mère n’était pas une grande extravertie, c’est rien de le dire. Ma mère n’était pas une grande démonstratrice non plus, à mon grand désespoir, car j’ai passé ma vie entière pendue à son cou en attendant des câlins qui ne sont jamais venus. Elle gardait les bras ballants. C’est drôle quand même, de se laisser enlacer en gardant les bras ballants. Enfin, non, ce n’est pas drôle, c’est très triste. Enfin passons.
Maman, donc, n’était pas fortiche en câlins. Non, elle, son truc, c’était "je pense à toi".
Lorsque j’allais passer un examen ou une épreuve quelconque, je lui disais l’heure et tout, et elle "pensait à moi". Cette pensée était mon câlin. Mon câlin d’âme.
Seulement voilà, maman n’est plus là pour penser à moi, et je me rends compte qu’elle me manque. Ma mère qui me semblait si froide, ma mère à qui je reprochais tant de choses, ma mère à qui j’en ai tellement voulu, ma mère qui était une mère comme moi, pourtant, avec sa vie, son histoire, ses fragilités, ses souffrances, ses besoins .. Toutes ces choses qu’elle ne disait pas…
Maman, je t’en prie, de là où tu es, pense à moi aujourd’hui.
Je t’en prie maman, pense à nous ..