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"Cent" blog fixe
26 avril 2014

Comme des cadeaux précieux

brune1sepia

La langue italienne me fait fondre comme de la crème. Ça vient d’un béguin de vacances de mes tendres années, il s’appelait Ugo, c’était un Italien, un Italien de l’Italie, ce pays plein d'odeurs, de couleurs merveilleuses, ce pays qui était la passion folle de mes parents .. L’Italie, c’était notre Eldorado, je me rappelle après avoir franchi la frontière, gamine, je me ruais sur le sol pour l’embrasser, ah que je t’aime Italie que je t’aime !  et je me relevais les doigts pleins du goudron fondu par la chaleur. A cette époque, passer la frontière c’était pas rien, une file interminable de voitures qui attendaient leur tour, Papa au volant de sa 404, la remorque aux fesses, oui parce que les premières années c’était la remorque, blindée à mort, pas les moyens d’avoir une caravane, enfin ils l’ont eue mais un peu plus tard à l’occasion d’un petit héritage. Non là, on n’en était qu’à la remorque, même qu’une fois il a fallu tout déballer, absolument tout, et comme il n’avait rien trouvé, le douanier s’en était pris à mon petit carnet, sauf qu’à cette époque je ne savais pas écrire, alors lui, il a cru que tous ces signes c’était des codes, qu’on était des espions ou quelque chose du genre, mes parents s’étaient étonnés de ce professionnel acharnement, mais rien n’a jamais pu entamer leur joie de partir et ils avaient remballé la remorque et mes carnets éparpillés en sifflotant ..

Ma mère, un vrai sirop de la rue, à 16 ans le sac à dos avec sa petite tente, après elle a contaminé mon père, lui qui ne connaissait que ses Sables, elle ne vivait que pour les vacances.. On partait les deux mois direct, juillet avec ma mère seulement, on n’allait pas loin pour que papa puisse nous rejoindre le week-end, août c’était les congés du père et c’est là qu’on partait pour l’Italie, toujours quelque chose qu’on n’y connaissait pas, et même si on connaissait on y retournait parce que c’était tellement beau, l’Adriatique et le ciel bleus à l’infini ! Les cloques qu’on se chopait au soleil, la peau du dos en lambeaux, impossible d’y poser le drap de couchage ! Trois jours plus tard on était cuits comme des pains d’épices, et à peine in piedi on courait trois, dix fois jusqu’à il Mar Adriatico, ce qui fait que tout le temps on avait du sel sur les bras à lécher avec délice ..

Alors le Ugo, était-ce à Fano, à Rimini, à Serigalia ? Je ne sais plus, je me rappelle juste de mes 13 ans, de ses 18, du petit bal dans la nuit tiède et parfumée, ma tête posée dans le creux de son cou et ses mots qui s’égrenaient, toutes ces choses qu'il m'a dites comme des cadeaux précieux, du miel sur ma peau des caresses de plume, il me déshabillait de mots pour me vêtir des siens, et ça éclipsait tout, ça bruissait, je faisais un pas, ça ondulait, un peu d’élan et je me serais envolée … Alors forcément, j’avais bien été obligée de gémir et de gémir encore, alors évidemment mes jambes avaient ployé et toute ma vie avec, je me tenais aux mots, à ses cheveux dorés qui sentaient si bon, je les tenais fort comme une rassurance dans cette perdition, et je respirais à petits coups, pour trouver la force de ne pas être forte, de n’être rien, rien qu’une petite nana recroquevillée dans des mots …

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25 avril 2014

E.T. chez les Peaux-Rouges

Dieu que j’aime l’Italie ! avec mes parents, nous y allions tous les étés avec une régularité de métronome. Ah ! le soleil d’Italie !!! ses brûlures qui nous pelaient le dos !! ah, l’Adriatique !!!!!!! ses méduses et ses moustiques !!! ah ! Pompéi, Paestum !!!  marcher des heures sous un soleil de plomb, arriver enfin à un point d’eau, pour y lire : aqua non potabile (eau non potable) et en baver de dépit !! quelle émotion !!! quelle aventure !

A propos d’aventure, ça me rappelle un truc.

C’était un beau mois de juillet, il m’en souvient, les cigales chantaient et les moustiques piquaient. Normal, puisqu’on était dans le Gard. Alors à propos de moustiques, j’avais lu quelque part que pour s’en débarrasser, il suffit de placer des oignons frais en lamelles dans une coupelle. J’étais beaucoup plus jeune que maintenant, mais déjà très futée : je me suis dit comme ça que ce serait beaucoup plus efficace si je mettais les oignons directement entre mes orteils et sur mes tongs. En moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, une meute de moustiques fonçaient sur mes pieds en rameutant tous leurs copains. Moi qui avais compris que l’oignon a un effet répulsif ! ben il a plutôt un effet séductif !

Oui alors donc, lors de ce séjour in ze Sud, un matin je me réveille avec des plaques de boutons partout sur la partie supérieure de mon anatomie. Enfin, quand je dis des boutons, je suis modeste : un chapelet rouge tomate me boursouflait du nez jusqu’aux épaules (en passant par les bras, le décolleté (quoi ? c’est pas parce que mes seins ressemblent à des chapeaux de religieuses (je parle des gâteaux) que j’ai pas le droit de dire : décolleté !). Oui, donc. J’en étais où ? ah oui. Les plaques.

"Que vois-je ?" geins-je en rapprochant mon visage du miroir. Et j’enchaîne d’une voix d’outre-tombe : "Voilà,  chui foutue ! on dirait E.T. chez les Peaux-Rouges !! personne ne voudra jamais de moi !!!! je terminerai vieille fille, rongée par les pelures d’oignons !!!!! Bouuuuuuuuh!"

"Hors de question que je laisse ces gros boutons rouges me pourrir la vie !" enchaîne-je in petto, "déjà avec l'allure que j'ai avec mes bottes en caoutchouc!" (ben oui vous vous êtes déjà barbouillé les pieds avec du jus d’oignons ???? je vous dis pas comment c’est tenace, cette cochonnerie !).

Alors malgré les 42°ambiants, je m’enveloppe d’un châle, comme qui dirait une mini-burka, tout en restant en maillot pour pas mourir tellement j’ai chaud. C’est dans cet accoutrement que je débarque chez le docteur du coin.

Même pas ému, il lâche :

- Oh, la mode parisienne est seyante cette année. Qu’est-ce qui vous amène ?

Là, dans un geste théâtral, je laisse tomber mon châle.

- Ben dites donc, vous êtes drôlement rouge !

- C'est un peu pour ça que je viens vous voir ! (Telle fut ma subtilissime réponse).

- Ohhh !! qu’il s’exclame en se penchant sur mon cou, mais c’est des Trombicula autumnalis !

- QUID ????

- Des aoûtats !

- Des aoûquoi ? que je fais.

- Des aoûtats. Vous savez, ces charmantes petites bêtes qui sortent en août !

- Heu oui, sauf que là, on est en juillet ..

- Ah bah oui, vous avez beaucoup de chance !!

- Heu ?? ..

- Ben oui, sinon vous auriez jamais su ce que c’est ! ça aurait été dommage !

Oh bah ça, pour être dommage,

b

ça aurait été dommage !!

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