Trancher dans le vif

Je pleure dans mon sommeil. Je ne fais pas forcément de cauchemar, je pleure, c’est tout. Parfois des sanglots, parfois je me réveille avec les yeux mouillés. Tiens ? Je pleure.

Pathétique, mesdames et messieurs. Pathétique.

Je suis d’une génération où "on ne s’écoute pas". Quoiqu’on ait, ce n’est "rien". On ne déballe pas les états d’âme. A la rigueur dans un cahier d’écolier. Et encore.

Finalement je me demande si ce n’était pas plus mal. Car écrire, écrire sur soi je veux dire, n’est-ce pas une façon de rester en arrière ?

Il y a des moments où il faut savoir trancher dans le vif.

Misère. Trancher dans le vif !

Je vais aller voir mon boulanger, tiens. Depuis que je le déleste de tous ses petits gâteaux orientaux, il m’adore!

Comments

[Le rônin]

Comme tu t'en doutes je suis un "sabreur"... Mais même mes coups de sabre ne sont pas précipités. L'expérience m'a enseignée de ne pas se ruer...

Ressasser peut aider à voir "une issue" à condition que l'on ressasse dans l'optique de trouver une issue, et non de se maintenir dans une souffrance.

Je comprends le sentiment de solitude et d'écrasement ; supporter ce fardeau parce qu'on est la seule personne à porter...

Comme tu le sais, mon blog est ce cahier de jadis, que n'importe qui pouvait s'emparer et lire à mon insu. Alors j'ai joué la situation inverse, mettre en avant mes écrits pour que personne ne les lise ! (Avec un espoir, aussi, d'enrayer la répétition en faisant prendre conscience à d'autres du poids de leur égocentrisme...)

Ah une dernière chose, on ne peut donner que ce qu'on a... J'ai tellement voulu aider autrui que je me suis mis en danger... Et alors j'ai sombré seul... On ne peut aider que si on commence par s'aider d' abord SOI-MÊME !

Bisous affectueux.

[angele en vrac]

Et quand bien même on resterait en arrière, faut-il rendre des comptes? Qui ça dérangerait, sinon soi-même? Au quotidien, le leitmotiv est " il faut aller de l'avant ", j'entends et je vois ça partout!

Moi, je suis une ressasseuse et pas une trancheuse!

A chacun son rythme, et oui, les petits gâteaux, c'est bon:)

Bisous!

[Couleur Pierre]

Bonjour



Ècrire sur soi, comme parler de soi, n’est pas une façon de rester en arrière mais, au contraire, de sortir de soi ce qui nous retient en arrière. Bien sûr, tout dépend de la dynamique dans laquelle on écrit. Si c'est pour ressasser et regretter le passé, ça n'est sans doute pas très utile…



Quant aux injonctions du genre "il faut que"… je m'en méfie beaucoup. Qui dit qu'il faut ? D'où provient cette injonction ?



Pour ma part je préfère écouter les "j'ai envie de". Envie de trancher dans le vif ? Alors banzaï ! Pas envie ? alors on ne tranche rien et on se fout des "il faut".

[Reynald]

On ne tranche pas dans le vif avec son passé. La seule façon de s'en délester est de le sortir, de le verbaliser encore et encore.

Un jour enfin on s'aperçoit que tous ces souvenirs n'ont plus de charge émotive et que les émotions qui débordaient en tachant le papier d'encre et de larmes y sont restées accrochées. Alors la cicatrice est enfin refermée.

Bisous mon Amie