Bonjour mes amis,
voici la suite du petit topo que je suis en train d'écrire sur Guillaume le Conquérant.
Je vous souhaite une belle journée!
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3- Robert et Arlette, les parents de Guillaume
Il était une fois, en l'an de grâce MXXVII, un jouvenceau de 17 ans répondant au nom de Robert et qui était le fils cadet de Richard II, duc de Normandie [1].
[1] Richard II était l’arrière-petit-fils de Rollon.
Un soir que Robert rentrait de la chasse, il fut frappé en pleine face par la beauté d’une jeunesse foulant le linge au lavoir avec ses compagnes, le bliaut retroussé jusqu’aux hanches. "Elle avait couleur plus fine que fleur de rose ou bien d'épine".
Cela devait être, en effet, ravissant.
Le pauvre garçon, les sens tout retournés, guettait chaque jour la jeune fille de la fenêtre de son donjon pour voir si elle venait à la fontaine du val d’Ante, la petite rivière qui coulait au pied de son château de Falaise, alors capitale du duché de Normandie.
Quant la belle n’était pas au lavoir, elle chantait et dansait dans les champs, montrant ses charmes sans la moindre gêne, "ce qui estoit chose bien plaisante", et rendait Robert légèrement congestionné.
Cette nymphe lui apparaissait, ânonnait-il, "sage et aimable et vertueuse et belle, blonde, avec beau front et beaux yeux". Il n'eut plus qu'une idée en tête : la mettre dans son obtenir un rendez-vous galant avec cette Alrez, Herlèva, Arlot, enfin bref : Arlette.
Le soir même, il dépêcha son chambellan auprès des parents, Fulbert et Doda, de simples mais honnêtes bourgeois de Falaise. Le père avait un grand sens de l'honneur : duc de Normandie ou pas, il était hors de question qu’il cédât sa fille sans la promesse d'un mariage en bonne et due forme.
Oui, parce qu’il faut que je vous explique qu’alors, sévissait chez les Normands en général et dans la Normandie ducale en particulier, un type de vie maritale, appelé union More Danico (littéralement : "à la manière danoise"), qui consistait en une sorte de concubinage,
.. et plus précisément de polygamage avec enlevage des femmes, voire capturage lorsqu’elles ne mettaient pas suffisamment de bonne volonté à se faire enlever.
Inutile de préciser que ce genre d’union était moyennement appréciée par l'Église.
Or donc, Robert aurait bien concubiné Arlette à la mode de chez lui, d’autant plus que ladite ne semblait pas insensible à son charme. Seulement voilà, elle avait un caractère de cochon. "Je n'ai nullement l'envie, quand le duc me mande à lui, d'y aller comme une fille à soldats ou une pauvre chambrière."
Non. Ce qu’elle voulait, Arlette, c’était arriver en grand apparat dans l'enceinte de la forteresse. Elle éclata donc en sanglots au refus de son père et pleura pendant cinq jours, sans s’arrêter, même pas la nuit. Ce déluge, qui humidifiait tous les lits de la maison, eut le don d’exaspérer prodigieusement Fulbert, qui se résolut à laisser aller sa fille jusqu’au château, juchée sur un palefroi telle une princesse.
Ah ! C’est qu’elle avait un fichu du caractère, la fille du bourgeois de Falaise ! Son abondante chevelure liée par un fin bandeau argenté retombait en mèches blondes sur sa pelisse grise, tandis qu’elle redressait fièrement son nez au vent, telle une Cléopâtre moyenâgeuse.
Devant Robert cependant elle se fit humble, douce et murmurante. Ils parlèrent un peu, se plurent beaucoup, s'apprivoisèrent énormément, se découvrirent à la folie, jusqu’à ce que le jeune homme l’initie à des jeux fort attrayants pour des jeunes gens de leur âge et fit d’Arlette sa frilla …
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Une nuit, Arlette s'éveilla en poussant un cri. Elle avait fait un rêve étrange : un arbre était sorti de ses entrailles et avait recouvert de son ombre la Normandie et l'Angleterre.
Elle regrettait de ne pas être devineresse et d'ignorer ce que cela annonçait. Heureux présage pourtant, puisque “d’icele Arlot fu un fiz nez, qui Guillealme fu appelez ”, fils qui deviendrait un jour le maître d'un empire s'étendant de part et d'autre de la Manche.
Quelques mois plus tard naquit effectivement le fils annoncé, que l’on nomma Guillaume.
Dès les premiers jours, l'enfant se fit remarquer. Alors qu’une nourrice l'avait posé un instant sur le sol jonché de paille, elle le retrouva les bras pleins de brindilles : "Ah ! Mon beau, comme vous serez conquérant et tant vous aurez de riches honneurs, plus que tous vos ancêtres !"
Mais pour l’heure, le beau en question devait se contenter d’être le Bâtard, étant né d’une union More Danico.
Robert et Arlette s’aimaient d’amour tendre, et leur union porta un deuxième fruit, en la personne d’Aeliz.
Là-dessus, Robert décida de se refaire une santé et il partit pour Jérusalem, comme c’était la mode en ces temps reculés [2].
Mal lui en prit : le 2 juillet 1035 à Nicée (actuelle Turquie), alors qu’il était sur le chemin du retour, Robert mourut, bien loin d’une Normandie dont la destinée reposait désormais sur les épaules d’un petit garçon de sept ans ...
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[2] À cette époque, les gens d’Europe du Nord poursuivaient un rêve étrange : ils voulaient arracher la Terre Sainte (Jérusalem et ses alentours) des mains des Musulmans. À l’appel du pape, des hordes de pèlerins armés de leur seule foi se mirent ainsi à marcher vers ces terres lointaines. Des hordes de soldats partirent à leur tour, ceux-là lourdement armés. Peu en revinrent.
Regardez ce médecin musulman qui s’apprête à soigner une migraine avec un peu d’aspirine. Il voit soudain surgir un prêtre chrétien. Celui-ci déclare que la migraine est l’œuvre du démon, sort un marteau de sa poche et troue le crâne du malade. Puis il saupoudre le cerveau de sel bénit.
Admirez maintenant la tronche que fait le médecin…
En deux cent ans, neuf croisades officielles vont se succéder. Voyez ces miséreux qui partent à trente ou cinquante mille, rançonnent les régions qu’ils traversent, meurent de faim, de froid et de maladie. Quand ils arrivent devant la mer Méditerranée, ils sont moins de dix mille. Là, ils attendent que la mer s’ouvre pour leur livrer passage. Pas de bol, la Méditerranée ne veut rien savoir.
Réduits à faire du bateau-stop, les survivants sont vendus comme esclaves sur les marchés orientaux.
À la fin des croisades, vers 1300, la Terre sainte retombera aux mains des Musulmans ...